Quand les livres parlent pour nous

Publié le par Catpower

http://multimedia.fnac.com/multimedia/images_produits/Grandes110/5/5/2/9782742775255.gifParfois, les livres parlent pour nous, et, alors, ils nous font du bien.


Il en est ainsi pour le livre de Siri Hustvedt, Elégie pour un américain.

 

Extraits.

 

"Je crois que nous avons tous des fantômes en nous, et que c'est mieux s'ils parlent que s'ils restent muets. Après la mort de mon père, je n'ai plus pu lui parler en personne, mais je n'ai pas cessé d'avoir avec lui des conversations dans ma tête. Je n'ai pas cessé de le voir dans mes rêves ni d'entendre ses paroles. Et pourtant c'est ce que mon père n'avait pas dit qui a pris un moment possession de ma vie - ce qu'il ne nous avait pas dit."

 

"La mémoire ne prodigue ses cadeaux que si quelque chose, dans le présent, la stimule. Ce n'est pas un entrepôt d'images et de mots fixes, mais un réseau associatif dynamique dans le cerveau, jamais inactif et sujet à révision chaque fois que nous récupérons une image ou un mot du passé."

 

"Je savais que la recherche était en train de confirmer ce que j'avais toujours cru remarquer chez mes patients : leurs souvenirs de guerre, de viol, d'accidents presque mortels et d'effondrements d'immeubles ne sont pas comme les autres souvenirs. Ils restent à part dans la mémoire. [...] Le traumatisme ne se manifeste pas en paroles, mais en un rugissement de terreur, parfois accompagné d'images. Les mots créent l'anatomie d'une histoire mais, à l'intérieur de cette histoire, il y a des ouvertures qui ne peuvent être fermées."

 

"On dit les jeunes ignorants de la mort,

mais c'est tout faux. Je la sens dans mes os,

mon cerveau, mes yeux, dans moi tout entière,

dans mes frayeurs et dans le téléphone

qui sonne pour annoncer le malheur [...]."

 

"Les souvenirs traumatiques arrivent comme une explosion dans le cerveau."

 

"Nous sommes des créatures fragmentées qui nous cimentons comme nous pouvons, mais il y a toujours des fissures. Vivre avec les fissures, ça fait partie d'une vie, mettons, relativement saine."

 

"Les malades mentaux sont souvent des cosmologues [...]. Ils sont à la recherche de l'ossature de l'univers. Parfois, l'hôpital peut leur offrir un abri temporaire fait de routine fastidieuse [...] mais ensuite le monde les rappelle. Les malades sortent à l'air libre, et les plus fragiles se désintègrent à nouveau."

 

"Il s'intéresse à la maladie mentale parce qu'il prétend que la psychiatrie est un mécanisme de contrôle, que la folie est une forme de créativité qui est écrasée dans les hôpitaux et les cliniques."

 

"Je songeais [...] à mon père et à mon grand-père et aux générations antérieurs qui occupent au fond de nous notre terrain mental, et aux silences sur ces territoires anciens où passent des ombres changeantes, parlant à voix si basse qu'on n'entend pas ce qu'elles disent."

Publié dans Vie

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