Des banlieues
Lu dans un article du Monde, paru mardi 1er décembre 2009 : selon le rapport annuel de l'Observatoire national des ZUS, rendu public le 30 novembre dernier, le taux du chômage est de 41,7% dans les quartiers sensibles et 33,1% de leurs habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté.
Ces chiffres me laissent sans voix. Comment se fait-il qu'on en soit toujours là ? Qu'a fait l'Etat ? ZUS, prisons, hôpitaux psychiatriques... Tous dans le même bâteau, celui des laissés-pour-compte. Faudra pas s'étonner si le navire coule, si tout pète de tous les côtés.
Mon frère, Louis, était fasciné par la banlieue. Il y habitait, y travaillait. Y entretenait sa maladie. Sa frustration. Cette identification crevait les yeux dans ses textes âpres et tourmentés. Entre les symptômes des quartiers sensibles, rongés par la misère et l'exclusion, et les symptômes de sa maladie, qui l'éloignait des autres, le parallèle était facile à faire. Même souffrance, même combat. Alors mon frère écrivait. Slamait son mal et celui des jeunes de quartier. Taggait l'enfermement, le sien et celui des cités. Plus tard, je publierai ces textes.
Aujourd'hui, je veux laisser la parole à La Rumeur, groupe que Louis aimait beaucoup et qui fait du "rap de fils d'immigrés", hip hop social et politique sans concession. Avec cette chanson qui me crève le coeur, "Paris nous nourrit, Paris nous affame", dénonçant la fracture entre la capitale et l'autre côté du périphérique : "Que du bon engrais pour ma graine de schizophrène, Paris me bout sous le crâne, Panam nous affame, nous épluche des poches à l'os, des couilles à l'âme. Dans l'urine ou l'urée et le chômage de longue durée, ses rejets de fumée n'oublient jamais de parfumer les vies au rabais à dégager vers ces couronnes, en 3, 4, 5ème, 6ème zone. C'est comme ça qu'elle traite son arthrose et ses névroses, qu'elle se paye son Bottom, son crack, son Valium".
La Rumeur / Paris nous nourrit, Paris nous affame
Mais aussi, ci-dessous, un dialogue de sourds entre les membres du groupe et Marc-Olivier Fogiel dans "On ne peut pas plaire à tous le monde", qui marque bien la scission de la société.
La Rumeur interview Marc-Olivier Fogiel sur ONPP
Précision de l'auteur : attention, cet article n'est qu'un point de vue sur la banlieue. Et comme tout point de vue, il a ses angles morts. Je sais qu'il se passe aussi - et heureusement - des choses biens en banlieue. L'idée n'est pas de cultiver la complaisance à l'égard des banlieusards, mais de dénoncer ce qui est dénonçable.
Ces chiffres me laissent sans voix. Comment se fait-il qu'on en soit toujours là ? Qu'a fait l'Etat ? ZUS, prisons, hôpitaux psychiatriques... Tous dans le même bâteau, celui des laissés-pour-compte. Faudra pas s'étonner si le navire coule, si tout pète de tous les côtés.
Mon frère, Louis, était fasciné par la banlieue. Il y habitait, y travaillait. Y entretenait sa maladie. Sa frustration. Cette identification crevait les yeux dans ses textes âpres et tourmentés. Entre les symptômes des quartiers sensibles, rongés par la misère et l'exclusion, et les symptômes de sa maladie, qui l'éloignait des autres, le parallèle était facile à faire. Même souffrance, même combat. Alors mon frère écrivait. Slamait son mal et celui des jeunes de quartier. Taggait l'enfermement, le sien et celui des cités. Plus tard, je publierai ces textes.
Aujourd'hui, je veux laisser la parole à La Rumeur, groupe que Louis aimait beaucoup et qui fait du "rap de fils d'immigrés", hip hop social et politique sans concession. Avec cette chanson qui me crève le coeur, "Paris nous nourrit, Paris nous affame", dénonçant la fracture entre la capitale et l'autre côté du périphérique : "Que du bon engrais pour ma graine de schizophrène, Paris me bout sous le crâne, Panam nous affame, nous épluche des poches à l'os, des couilles à l'âme. Dans l'urine ou l'urée et le chômage de longue durée, ses rejets de fumée n'oublient jamais de parfumer les vies au rabais à dégager vers ces couronnes, en 3, 4, 5ème, 6ème zone. C'est comme ça qu'elle traite son arthrose et ses névroses, qu'elle se paye son Bottom, son crack, son Valium".
La Rumeur / Paris nous nourrit, Paris nous affame
Mais aussi, ci-dessous, un dialogue de sourds entre les membres du groupe et Marc-Olivier Fogiel dans "On ne peut pas plaire à tous le monde", qui marque bien la scission de la société.
La Rumeur interview Marc-Olivier Fogiel sur ONPP
Précision de l'auteur : attention, cet article n'est qu'un point de vue sur la banlieue. Et comme tout point de vue, il a ses angles morts. Je sais qu'il se passe aussi - et heureusement - des choses biens en banlieue. L'idée n'est pas de cultiver la complaisance à l'égard des banlieusards, mais de dénoncer ce qui est dénonçable.